Le tricot et la production de laine sont des éléments essentiels de l'économie et du mode de vie islandais depuis des siècles, mais le pull que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de pull en laine islandais, connu en Islande sous le nom de lopapeysa, est un ajout plus récent à l'expression culturelle du pays. Si la laine islandaise est le produit de moutons qui ont survécu et se sont reproduits pendant des siècles en dépit d'éléments extrêmes, le peuple islandais a prospéré grâce à sa résilience face à des conditions difficiles. La laine et le processus de transformation en vêtements sont au cœur de l'identité nationale moderne de l'Islande.

Il convient de noter que l'emblématique pull-over en laine est apparu peu de temps après que l'Islande a déclaré son indépendance vis-à-vis du Danemark. Le moment était venu pour les gens d'adopter un symbole ou une marque d'identité nationale. Des modèles de tricot sont apparus en Scandinavie pour un pull en laine à épaules tombantes et à empiècements arrondis, inspirés des vêtements traditionnels du Groenland mais surnommés par certains « pulls islandais ». Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que les Islandais prennent leurs aiguilles à tricoter et s'approprient ce beau modèle et ce vêtement fonctionnel.

Nouvellement indépendante et cherchant encore à établir son identité en tant que nation, l'Islande s'est retrouvée impliquée dans un conflit avec l'Angleterre concernant les droits de pêche et l'étendue des eaux territoriales de l'Islande. Ces « guerres de la morue » ont duré des années 1950 aux années 1970. Au cours de cette période, le pull-over en laine islandais est devenu un moyen pour les Islandais d'incarner leur sentiment d'identité nationale. Les pêcheurs avaient besoin de vêtements qui les gardent au chaud et au sec, mais le lopapeysa, visuellement distinctif, les définissait comme des Islandais.

Associer l'Islande à la culture et à l'artisanat 

 

La pratique du tricot et son rôle dans la culture islandaise ont évolué au fil du temps, passant d'une source importante de revenus familiaux à l'ère préindustrielle à une entreprise industrielle après la révolution industrielle, puis à un passe-temps social à notre époque contemporaine. Le tricot a toujours joué un rôle clé dans le mode de vie islandais. Même dans les années 1980 et 1990, alors que les consommateurs s'intéressaient davantage à la laine polaire qu'aux produits en laine tricotés à la main, l'artisanat du tricot a continué à procurer un sentiment de communauté sociale. Même lorsque la demande internationale de produits tricotés à la main a diminué, le pull-over en laine islandais est resté un vêtement emblématique pour le peuple islandais.

Avec le tournant du millénaire et l'émergence de la mondialisation comme nouveau sujet d'actualité, les Islandais ont commencé à s'intéresser à la définition et à l'expression d'une identité nationale. L'économie a prospéré et le lopapeysa a connu un regain de popularité, les artistes et les créateurs explorant des idées telles que l'héritage culturel et les traditions folkloriques.

En 2008, le traumatisme soudain de l'effondrement du système bancaire a entraîné une période de difficultés financières pour l'Islande. En liquidant les banques plutôt qu'en les renflouant, puis en imposant de nouvelles lois plus strictes, l'Islande a pu reconstruire sa force économique. Pendant cette période d'incertitude, le tricot est devenu un moyen pour les citoyens de pratiquer l'autosuffisance face à la crise économique. Mais plus encore, durant cette période difficile d'agitation sociale et d'incertitude financière, de nombreuses personnes ont commencé à tricoter en public comme forme d'expression politique. Les manifestants tricotaient pendant les marches publiques et les sit-in. Le tricot était une forme de protestation pacifique, et l'acte apaisant du tricot est devenu un moyen d'apaisement personnel dans les moments difficiles. En s'adonnant à cet artisanat séculaire, les gens se sentent liés à l'histoire de leur pays et à son héritage d'autosuffisance et d'esprit d'entreprise.